Les oiseaux communs disparaissent !

Depuis plusieurs dizaines d’années, les oiseaux communs disparaissent de nos campagnes. 

 

Nous constatons malheureusement ce phénomène  au cours de nos prospections busards.

En effet, il n'est pas rare, lors d'une observation statique,  au milieu des champs pendant 2 à 3 heures de contacter moins de 10 espèces. D'autres sont aujourd'hui très rarement observées.

 

                Selon l' UICN , l a réévaluation du niveau de menace pesant sur les 284 espèces d’oiseaux nicheurs recensées en France métropolitaine montre que la situation s’est détériorée pour 48 espèces entre 2008 et 2016, tandis que 15 seulement ont vu leur état s’améliorer durant cette période.  92 espèces sont classées menacées dans l’Hexagone.

 

                En 2018, deux nouvelles études réalisées par le Muséum national d’Histoire naturelle et le CNRS, ont confirmé la disparition des oiseaux de nos campagnes.

  • Un tiers d’entre eux a déjà disparu depuis 15 ans : quasi disparition des perdrix, diminution d’un tiers des alouettes, raréfaction des hirondelles...
  • Les oiseaux témoignent de l’état global de l’environnement car ils sont sensibles aux pollutions diverses, à la dégradation des milieux, à l’appauvrissement des sols, à la raréfaction des insectes.

Lire a ce sujet l'article  publié sur :" CNRS Le journal " (https://lejournal.cnrs.fr) : où sont passé les oiseaux des champs?

 

 

L’éclairage du programme STOC  permet également de mieux comprendre pourquoi les oiseaux des champs disparaissent.


Pourquoi ce déclin ? : L'éclairage du programme STOC  par  Christian PACTEAU  ( LPO)

Le programme STOC c'est quoi  ? 

 

STOC :   Suivi Temporel des Oiseaux Communs,

mis en place par le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN ).

De 1989 à 2011, nous pouvons nous représenter l’état de santé et l’évolution des populations des espèces présentes sur le territoire national métropolitain.

 

 Il est intéressant d’examiner la situation des espèces en régression en fonction de :

  1.  leurs habitats
  2.  leurs régimes alimentaires

 pour connaître l’étendue et les causes de ces régressions. 

Caractéristiques des espèces suivies  

 

67 espèces  ont été suivies en fonction des habitats  :

 

  •   20 espèces spécialistes des milieux agricoles
  •   13 spécialistes des milieux bâtis
  •   20 spécialistes des milieux forestiers
  •   14 espèces généralistes

Une régression marquée en milieux agricoles

 

Il apparaît ainsi que sur les 67 espèces suivies :

  • 37 ont connu une régression de leurs effectifs entre 1989 et 2011. 

 

Cette évolution négative touche plus particulièrement les espèces des milieux agricoles  :

  • 15 sur 20 espèces ont vu leurs effectifs diminuer sur cette période, soit 75 %, et ce quel que soit le régime alimentaire et le stade de développement (poussin ou adulte). 

 

C’est également pour ces espèces que la régression est la plus marquée

  • - 5 sur 15  ont perdu plus de la moitié de leurs effectifs (-50%)
  • - 6 sur 15  de  un quart et la moitié ( entre 25% et 50%)

 


Evolution et effectifs des oiseaux des champs en France, Haute Normandie et Plateau du Neubourg

 

Modification des habitats

 

L’optimalisation de la production agricole post-Seconde Guerre mondiale a eu pour effet la spécialisation régionale de la production végétale ce qui a conduit à :

 

1/  la rupture de « l’équilibre agro-sylvo-pastoral », qui a de multiples impacts tant sur les paysages que sur la vie des sols.

 

2/ la modification des milieux. Ainsi, à l’échelle de chaque exploitation, a disparu ce qui ne présentait pas un intérêt productif immédiat, comme les mares, les haies et nombre de prairies naturelles.

disparition des milieux

 

A l’échelle régionale, les espaces naturels interstitiels et les prairies naturelles ont quasiment disparu, avec les ressources alimentaires spécifiques que ces milieux offraient.

 

Sur les 67 espèces : 20 utilisent les arbres et 22 les buissons des milieux agricoles bocagers pour nicher, soit 62 %.

 

 Dans le même temps, les assolements ont été drastiquement réduits, diminuant d’autant les possibilités de rotations et donc la diversité végétale et celle en

La plupart  des bords de route sont aujourd'hui fauchés.

 

invertébrés. 

 

Si à l’inverse les habitats des grandes plaines n’ont pas été fondamentalement modifiés, cela n’empêche pas les populations des espèces d’oiseaux inféodés à ces milieux, toutes nicheuses au sol, tels le pipit farlouse (- 89 % des effectifs), le Tarier des prés (- 59 %),d’être en mauvais état de conservation.

Raréfaction des ressources trophiques

 

Les pratiques en œuvre en agriculture depuis  soixante ans pour maximiser la production agricole conduisent à exterminer avec les pesticides à la fois les « mauvaises herbes » et nombre d’espèces d’invertébrés qui ont rang de consommateurs primaires.

 

 Globalement, ce sont ainsi les deux niveaux inférieurs de la chaîne alimentaire qui disparaissent. Il n’est donc pas surprenant que les espèces des niveaux supérieurs soient affectées, quand on sait que les espaces cultivés occupent 32 millions d’hectares en France, dont 20 millions sont traités aux herbicides et insecticides.

 

Cette régression de la disponibilité trophique en invertébrés atteint nécessairement son maximum au printemps, période pendant laquelle tout est mis en œuvre pour protéger les cultures des ravageurs, mais qui correspond également à la période de reproduction des oiseaux. Il en va de même pour la disponibilité en graines de « mauvaises herbes », à ceci près que la réduction drastique de cette ressource étend ses effets de la période de reproduction à la période hivernale.

Les multiples impacts des pesticides

 

En faisant disparaître les adventices, on fait aussi disparaître à la fois les invertébrés dont elles sont les plantes hôtes et les ressources végétales, notamment en graines, indispensables à certaines espèces d’oiseaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ainsi, l’examen des populations des sept espèces strictement dépendantes des parties de végétaux est révélateur : si les effectifs de tourterelles turques et de pigeons ramiers, tous deux dépendants des céréales, ont augmenté respectivement de 296 % et 152 % entre 1989 et 2011, ceux des espèces dépendantes des graines de « mauvaises herbes »  en période d’élevage et d’hivernage régressent dans les milieux agricoles et bâtis 

  •  63 % de bouvreuils pivoines,
  • 42 % de serins cini,
  • 68 % de linottes Mélodieuses,
  • 30 % de verdiers d’Europe,
  • 18 % de chardonnerets élégants.

 

Quelques gourmands de mauvaises herbes !

 

Le Bouvreuil pivoine est dépendant de baies, de graines et bourgeons de nombreux arbres, mais aussi des graines du séneçon, de l’armoise, de l’ortie, de la renouée…

 

Le Serin cini est également dépendant de graines de séneçon, mouron, bourse-à-pasteur, plantain, graminées…

 

La Linotte mélodieuse est dépendante de graines de crucifères, « herbes folles », chardons…

 

Le Verdier d’Europe est dépendant des graines de bouleau, aulne…, mais aussi crucifères, graminées, séneçon, renouée, mercuriale…

Le Chardonneret élégant est dépendant des graines de bouleau, aulne, chardon, bardane, centaurée, chicorée, armoise…

 


Retrouvez ci dessous le lien du dossier STOC 

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