Dans le pays de Bray , il existe encore une zone ou viennent régulièrement quelques couples de cendrés ( trouvés par JL Bigorne et M Loisel) .

Depuis quelques années , les couples nichent systématiquement dans les ray grass et  les échecs sont de plus en plus fréquents ( en 2020, sur 2 nids trouvés , 2 échecs , voir bilan dans actu et bilan du blog). A terme l'avenir du busard cendré dans ce secteur est compromis.

Un projet de prélèvement des œufs avait été proposé par Marc Loisel  il y a plusieurs années déjà mais sans suite. Ma question est la suivante:

Est il possible de prélever les œufs et les remplacer par des faux en attendant  l'éclosion des poussins en centre de soins et de les remettre dans le nid pour qu'ils soient élevés normalement pour éviter l'échec du couple et un éventuel abandon du site par les oiseaux et aussi l'élevage au taquet, compliqué pour nous. est ce possible? cela a t'il déjà été fait avec des busards? ( je l'ai vu a la TV avec des puffins )  .

Merci d'avance

Cordialement

Bonjour,

Bénévoles à la LPO Charente-Maritime, nous avons eu en 2020 des cendrés et des roseaux dans des prairies, fauchées avant l'éclosion des œufs.

La décision a été de prélever les œufs et de les emporter au centre de soins, mais nous n'avons jamais évoqué cette idée de mettre des œufs de remplacement.

Au centre de soins, sur 8 œufs de busards des roseaux, 4 ont éclos, sur 18 œufs de busards cendrés, 11 ont éclos.

Mais 2 enclos assez grands (10x10) ont été posés sur des œufs de busards cendrés qui avaient pondu de nouveau après le prélèvement des œufs, ils n'ont pas abandonné la couvée. Même sur un 3ème nid, c'est l'agriculteur qui, sans nous concerter, a installé un tout petit enclos d'1x1, les parents n'ont pas abandonné les œufs et les jeunes sont arrivés à l'envol. Là ce n'était pas une ponte de remplacement mais la première.

Nous ne savons pas quelle stratégie sera adoptée si l'on retrouve beaucoup de nids en prairie cette année. Si la pose d'enclos est décidée, il faudrait trouver la meilleure méthode pour les installer rapidement car la pose des piquets puis du grillage et des sardines est long et favorise le stress des oiseaux donc l'abandon; à moins de s'y prendre en plusieurs fois, pose des piquets un jour, pose du grillage 2 jours après... toute suggestion est la bienvenue.

Cdlt

Hervé et Noëlle Jacob

Bonjour,

  Comme déjà expliqué à plusieurs reprises sur le Réseau, en Aveyron (et plus largement Massif central), quasiment toutes les interventions sont effectuées sur des nids au stade œufs dont environ 90% en cours voire en début de ponte. Nous avons à ce jour réalisé plus de 130 protections de ce type avec un très fort taux de succès.
  Le système de protection mis en place fonctionne très bien (merci à Olivier Tessier qui nous a bien aidé) :

    Laisser un carré de 10x10 m en herbe (non fauchée) puis si possible installer une clôture électrique

• soit avec au moins 2 niveaux de fil électrique pour les prédateurs (10 et 25cm). Idéalement 4 niveaux, en rajoutant 1 à moyenne hauteur soit 50 / 60cm (chiens - veaux) puis 1 dernier niveau à 90cm (grands chiens, vaches) + au moment de la naissance des oisillons, installation d'un grillage autour du nid (nous faisons un carré de 2.5m x 2.5m avec quelques sardines au sol si nécessaire)  à l'intérieur donc du 10x10m.
  
• soit mettre un filet électrifié pour volaille de 50m. Nous rajoutons des piquets plastique et des piquets tendeurs pour rigidifier la structure. Mais c'est vrai que dans notre secteur, les nids sont installés sur des plateaux d'altitude ventés.
  

C'est clair que le filet électrifié est l'idéal car nous n'avons plus à retourner 2 fois sur le nid pour le protéger (d'autant que nous les avons tous à 2h de route AR) et cela nous évite de flipper si nous n'avons pas trouvé la dispo pour aller poser le grillage alors que nous sommes à la date d'éclosion... Moins de maintenance également.

Pour l'instant, nous n'avons eu aucune prédation ou échec avec le filet électrifié. De plus, moins lourd à transporter.

Le carré de 10m x 10m laissé en herbe fonctionne très bien. Pas de soucis particuliers avec les agri car "ce n'est que de l'herbe" !

Question prix et matériel : voir en PS

J'espère que tout cela vous aidera. Nous restons à dispo. et joignable par tél pour plus de précisions : 06 75 72 13 87

 Bon courage,

      Viviane de SOS busards (Aveyron)

PS : Préférer un filet électrifié de 50m avec poste électrique de qualité qu'une clôture électrique (+ poste) + carré grillagé (si vous pouvez financièrement ; possibilité de demande subventions sans pb)

carré grillagé : grillage maille volaille - compter 70€ de matos + sardines à fabriquer

poste électrique : c'est ce qui coûte cher... Pour filet électrifié, il faut au moins un électrificateur de type 15km AC 12 las (ou équivalent) à 152€ HT soit 182€ TTC + 1 pile sèche d'environ 25 à 30€. Pour une clôture, le poste peut être un peu moins puissant et dons ... un peu moins cher.

filet électrifié : Passion équitation (site internet), en 2018 un filet élec 50m = environ 77€ HT soit 92€ TTC

Prévoir également l'achat de piquet blanc plastique 1,42m (dans les 26€ les 10 en 2019)

Bonjour à toutes et tous,

Très pertinent et intéressant ces retours d'expériences !

Une autre alternative, sans passer par un prélèvement, en prairie fauchée avec un nid contenant des œufs : négocier 100 m² non fauché, jalonner le carré juste avant la fauche, de manière précise (donc pas plus grand pour poser la protection sans raccords) pour pouvoir, après la fauche, installer un filet à volailles de 50m (1,10 m de haut et petites mailles en bas) avec électrificateur. Comme dit Guillaume, l'électricité est nécessaire surtout dès la naissance des poussins. A mon avis, éviter la clôture électrifiée avec plusieurs hauteurs de fils = prédation possible par les mustélidés notamment, et aucun cas de prédation dans les filets à volailles. Quant au risque d'abandon du nid lors de la pose du filet, avec un peu d'expérience, ça marche très bien ; l'idéal est d'attendre un bon moment après la fauche que la femelle retourne au nid, et en restant discret, on peut poser (seul ou à deux) le filet sans provoquer l'envol de la femelle si la végétation est assez dense ; il n'est pas rare, en fin d'installation, de planter avec une massette le piquet de terre de l'électrificateur avec la femelle toujours au nid. Pas de panique si elle décolle au tout début de l'installation car jusqu'à 1/2h d'intervention, voire un peu plus, cela n'empêche pas la femelle de revenir ensuite ; c'est sûr, il y a quand même parfois un abandon, selon le caractère de la femelle et le contexte ressources alimentaires/efficacité de chasse du mâle....

Désherber grossièrement juste une fois le long du filet au début de l'élevage pour augmenter la tension électrique, mais quand l'herbe a bien repoussé, les prédateurs y circulent beaucoup moins (que dans les céréales à priori d'où le choix de ces prairies artificielles par les busards).

Les aspects négatifs de cette technique (élaborée dans le pays de Bray et améliorée en Lozère) : le coût financier (minimum 250 euros pour un kit complet) et le temps de pose, l'obtention de 100 m² non fauché, donc valable pour quelques nids mais au-delà d'une dizaine dans le même secteur, ça devient très problématique. Autre inconvénient, la grande repérabilité (j'ai inventé un mot ?) du filet (en place durant presque 2 mois !) quand la parcelle est fraîchement fauchée, donc la nichée est vulnérable au braconnage, voire parfois aux dérangements involontaires. Dans ce cas, en œuvrant en concertation avec l'OFB et en posant une pancarte dissuasive à proximité, ça peut aider...

Désolé pour ce message un peu long, j'espère avoir amené des éléments de réflexion à Patrick et Hervé.

Amicalement

Jean-Luc BIGORNE